Les origines

Des origines obscures

 

           Aussi curieux que cela paraisse pour un chat d'apparition somme toute assez récente, on a du mal à faire la vérité sur les origines exactes du sacré de Birmanie, tant les légendes ont la vie dure : ce chat, est-ce une race naturelle asiatique très ancienne ou une création de toute pièce ?

 

 

Une certaine Poupée

 

         Les uns racontent qu'un couple de sacrés de Birmanie aurait été offert en guise de remerciement au major Russel Gordon et au diplomate Auguste Pavie pour avoir sauvé le temple de Lao-Tsun. D'autres prétendent qu'un couple de birmans aurait été dérobé et introduit en France sur le yaht d'un milliardaire américain, Mr Vanderbilt, en 1920. Le mâle mourut pendant la traversée, mais Sita, sa femellen survécut au voyage et mit au monde une portée comprenant une certaine Poupée de Madalpour. Cette Poupée aurait été cédée à une Mme Léotardi qui entreprit l'élevage de la race dans le midi de la France. Nous disposons bien de preuves de l'existence de Poupée, mais rien sur son ascendance réelle. Par ailleurs, l'existence en Asie des fameux sacrés coulourpoint gantés de blanc est fort improbable, car les Anglais les auraient alors importés en Europe dès le XIXe siècle, comme ils l'avaient fait pour le siamois.

 

 

Une Manou et un Dieu

 

           Aujourd'hui, on s'accorde plus à penser que le sacré de Birmanie est né d'une intervention humaine, dans les années 1920 en France, dans la région de Nice : les premiers sujets seraient apparus à la suite d'un accouplement voulu ou fortuit entre un siamois ganté de blanc et un chat à poils longs (angora ou persan). C'est ainsi que Manou de Madalpour et Dieu d'Arakan imposèrent rapidement en exposition le sacré de Birmanie, appelé à l'époque birman.

 

 

Un chat dans la tourmente

 

          La race birmane, rapidement fixée en une dizaine d'années, connut dès son lancement, à la fin des années 1920, un très vif succès. La légende savamment entretenue par les premières éleveuses, Marcelle Adam et Madeleine Boyer, contribua fortement à sa popularité. Celles-ci possédaient les deux principales chatteries en France, respectivement celle de Madalpour et celle de Kaabaa. Le birman connut aussi une forte popularité en Allemagne.

 

           Mais la Seconde Guerre mondiale faillit être fatale à cette race encore jeune et peu représentée. Seul un couple, Orloff et Xenia de Kaabaa, put être préservé en France grâce aux efforts de Madeleine de Boyer. Tout le travail de sélection et de multiplication était à recommencer. Il fallait absolument apporter du sang nouveau pour relancer l'élevage de la race tout en limitant la consanguinité. Des croisements furent entrepris avec le persan coulourpoint et des persans aux yeux bleus, et de nouvelles lignées furent créées grâce au travail de Madeleine Boyer, et à celui de Simone Poirier au sein de son élevage de Crespières. Tous ces efforts permirent aux éleveurs de retrouver le type morphologique d'avant-guerre, d'élargir le pool génétique et de fixer les fameux gants blancs.

 

 

Du birman au sacré

 

           Au cours de l'année 1950, la dénomination de « birman » fut abandonnée au profit de celle de « sacré de Birmanie », pour deux raisons : en premier lieu, éviter toute confusion avec le burmese, dont le nom signifie précisément birman en anglais, et, en second lieu, entretenir le mystère autour de la race. Ce chat français déjà plébiscité dans son pays, pouvait dès lors envisager une carrière internationale : la race fut introduite aux États-Unis en 1959, en Allemagne et aux Pays-Bas en 1964 et en Grande-Bretagne à partir de 1965.

 

 

COURREAU Marie-Josée (Dr.), Le Sacré de Birmanie. Le Ragdoll. L'Angora turc. Le Turc Van, Éditions Atlas, Chine, 2012.